1948 -1953

La génèse de « DORE-ALLIER« 

La nécessaire coopération

24 décembre 1948. Jean-Baptiste MOULIN, maire de la commune de Lezoux et son adjoint Raymond JOYON, souhaitent « mettre sur pied un projet d’adduction d’eau potable dans nos communes et pour cela créer un syndicat intercommunal« . Ils adressent une lettre aux maires de la région de Lezoux, leur demandant leur avis. Le temps presse. Nous sommes en 1948 et Lezoux et sa région on un certain retard concernant l’alimentation des foyers en eau potable, en « eau courante ».

Les réponses des communes alentours fusent et se succèdent :

  • Le 28 décembre 1948 la mairie de Moissat rejette son adhésion au projet puisqu’elle adhère déjà au syndicat Basse-Limagne,
  • Le 30 décembre 1948 la mairie de Charnat est favorable pour participer à la fondation de ce syndicat,
  • Le 30 décembre 1948 la Mairie d’Orléat est également favorable au projet de syndicat,
  • Le 3 janvier 1949 la mairie de Culhat rejette son adhésion au projet : Culhat adhère depuis 1939 au syndicat Basse-Limagne,
  • Le 3 janvier 1949 La mairie de Bouzel répond comme Culhat et Bort l’Etang : elles adhèrent à Basse-Limagne,
  • Le 6 janvier 1949 la mairie de Peschadoires indique au maire de Lezoux qu’elle adhère au syndicat intercommunal pour l’exploitation des services d’eau dans le Puy-de-Dôme dont le siège est à la préfecture du Puy-de-Dôme. La commune de Peschadoires n’a pas les finances pour réaliser les travaux demandés par Lezoux,
  • Le 7 janvier 1949 la mairie de Crevant-Laveine est favorable au projet,
  • Le 7 janvier 1949, la mairie de Bort-l’Etang rejette l’adhésion faisant déjà partie du Syndicat Basse –Limagne,
  • Le 13 janvier 1949 la mairie de Glaine-Montaigut est intéressée au projet de syndicat,
  • Le 14 janvier 1949 la commune de Néronde est également favorable au projet,
  • La mairie de Saint-Jean-d’Heurs est également intéressée en mettant en réserve les faibles ressources de la commune et la dispersion des villages,
  • La commune de Bulhon, par son maire M. PARRAIN renonce en 1949 au projet d’adhésion prétextant un manque de ressources financières de sa commune.

Le 20 février 1949, la commune de Lezoux sollicite le concours du Génie Rural pour l’étude des travaux à envisager pour remédier à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la commune au point de vue de l’alimentation en eau potable. Pour cette commune les captages qui avaient été améliorés en 1922 ne donnent plus en 1949 qu’une eau de qualité médiocre et en quantité absolument insuffisante. N’existant sur la commune de Lezoux aucune source permettant d’alimenter cette ville en expansion, les élus municipaux envisagent la possibilité d’utiliser les eaux de la nappe alluvionnaire de l’Allier.

La confirmation technique des possibilités d’alimentation en eau de la commune de Lezoux depuis les rives de l’Allier est établie par les services de l’Etat.

Cette étude originelle est conduite par le Service du Génie Rural du Ministère de l’Agriculture.

L’étude Hydrogéologique de février 1949 :

L’étude hydrogéologique établie le 11 février 1949 par M. ROBERT MICHEL, chef de travaux à l’université de Clermont-Ferrand, auxiliaire au service de la Carte Géologique de France pose le site d’implantation du captage originel.

« La commune de Lezoux est actuellement alimentée en eau potable principalement par un système de drainage très ancien et fort rudimentaire. M. SAUVANNET, en 1923 et M. RAVIER en 1948 ont montré que ce réseau de captage n’offre aucune garantie du point de vu sanitaire. Par ailleurs, le débit qu’il fournit est fort déficitaire. le seul moyen d’assurer l’alimentation en eau potable est de procéder à un captage dans la nappe alluviale de la vallée de l’Allier. Le forage de puits filtrants permet d’atteindre l’importante nappe aquifère qui circule dans les alluvions fluviatiles des grandes vallées. Ces alluvions étant en générale constituées par des sables et graviers fins, l’eau recueillit est bactériologiquement pur. De plus, le débit fournit est toujours très important. Enfin, un tel système de captage est susceptible d’extensions ultérieures par simple augmentation du nombre de puits filtrants.

Choix de l’emplacement du captage : Les emplacements possibles pour un tel captage s’étendent sur la rive droite de l’Allier, depuis la latitude de Vinzelles au Nord jusqu’à celle de Culhat au Sud pour demeurer à une distance raisonnable de Lezoux. Au cours d’une prospection effectuée le 10 février 1949, j’ai retenu deux emplacements possibles pour le captage :

Le premier se situe au Nord-Ouest du château de La Terrasse. L’Allier décrit ici un important méandre recoupant une ile. Les alluvions récentes qui constituent une ancienne île sont surélevées de deux à trois mètres par rapport au niveau actuel de l’Allier et sont constitués de sables fins et de galets. Les conditions sanitaires sont excellentes sur toute cette zone.

Deuxième site favorable, au droit de la latitude de TISSONIERE, village situé sur la rive gauche de l’Allier. La rivière décrit ici une boucle à concavité tournée vers le sud-est et la plaine alluviale déposée à l’intérieur de cette courbe possède une surface supérieur à la précédente. Les conditions sanitaires sont aussi excellentes sur toute cette surface. Un endroit particulièrement favorable se trouve à l’est de TISSONNIERE sur la rive droite de l’Allier, à 250 mètres de la berge. Il s’agit d’un terrain plat boisé de hauts peupliers, surélevés de deux à trois mètres par rapport au niveau actuel de l’Allier.

Il semble plus logique d’adopter le second emplacement, plus rapproché de Lezoux, et beaucoup plus proche que le premier d’une ligne de transport d’énergie électrique à haute tension.

Lors des travaux de captages, un puits d’essai devra atteindre le substratum oligocène imperméable. Des essais de pompages de longue durée, à plusieurs reprises si possible, permettront de fixer en toute sécurité pour l’avenir le débit d’utilisation du ou des puits à établir.

La zone alluviale considérée ne présente aucune cause de contamination. Toutefois, pour supprimer toute cause de pollution accidentelle, un périmètre de protection solidement clôturé de 60 mètres de rayon devra être établi autour de chaque puits filtrant. Les puits seront étanches à leur partie supérieur. Leur margelle s’élèvera au-dessus du niveau des plus hautes eaux observé de la rivière. Elle sera entourée de terres argileuses surmontées de terres végétales tassées et gazonnées. »

Extrait du rapport géologique explicatif du projet d’alimentation en eau potable de Lezoux -Service du Génie Rural – 17 juillet 1949 – Archives Dore-Allier

L’étude Technique conclue en juillet 1949 :

Les signataires de cette étude sont : M. Antoine PAILLER, ingénieur, M. BELLAUCQ, ingénieur de Travaux Ruraux, M. BADIN, ingénieur du Génie Rural et M. PATRIX, ingénieur en chef du Génie Rural. Ces hommes proposeront et suivront durant plusieurs années les évolutions techniques du SIAEP.

Besoins en eau. La population de Lezoux est de 2 927 habitants. En y ajoutant celle des communes voisines qui seraient susceptibles d’être desservies on arrive à un total de 6 000 personnes dont les besoins totaux en eau potable peuvent être évalués à environ 1 800m3 par jour en retenant le chiffre de 300 litres par personne et par jour en période de pointe. Cette quantité sera obtenue par un pompage de 18 heures à raison de 100m3/h et pour la commune de Lezoux en un pompage de 9 heures, soit uniquement en heures creuses.

Constitution du réseau. Les travaux seront découpés en phase. Ces phases seront découpés en tranche.

Les captages sont logiquement la première phase du projet. Ils seront établis dans les sables alluvionnaires de l’Allier au lieu-dit « communaux de Bassinet » sur le territoire de la commune de Crevant. Leurs débits ne pourra être inférieur à 120 m3/h de façon à avoir la possibilité de refouler en toute sécurité 100m3/h dans le réservoir principal.

Dans la première tranche une station de pompage devra être équipée de 2 groupes de pompes alimentés par une ligne électrique H.T. de 10000V. La marche de cette station devra être entièrement automatique avec installation d’appareils de contrôle à la mairie de Lezoux. Une conduite de refoulement de 250mm permettra sans perte de charge de refouler 100m3/h à 7kilomètres jusqu’au réservoir principal de 1000m3 qui devra être établi sur la côte 411 à Montsablé. La conduite devra en outre alimenter les fermes de Bosgros et le village d’Ornon. Enfin, afin d’améliorer très rapidement la situation catastrophique de Lezoux, un nouveau tronçon de distribution sera créé jusqu’au réseau urbain. Cette première tranche est estimée à 47 millions de francs (1.5 million d’euros).

La deuxième tranche des travaux concerne Lezoux : toute la commune sera alimentée par le réseau d’eau potable et un système important de bouches d’incendie sera établi. On placera dans le bourg et les hameaux traversés par des conduites principales des bouches d’incendie à gros débit, et ailleurs des bouches d’incendie de plus faible débit mais qui reliés à des points d’eau ou des citernes permettront d’avoir des moyens suffisants pour combattre efficacement un sinistre. Cette deuxième tranche est estimée à 59 millions de francs (1.9 million d’euros).

Le bureau d’étude estime « qu’une subvention de 60 % de l’Etat et du Département peut être obtenue. Les dépenses annuelles sont estimés à 4.5 millions de francs (amortissement de l’emprunt de 48 millions à 6%, frais d’électricité, salaire du personnel, amortissement des machines et entretien du réseau). Le prix de revient du m3 d’eau devra couvrir les dépenses annuelles, il pourra être estimé à partir d’une consommation de 150 litres par personne et par jour, et donc porté à 25 francs/m3, prix tout à fait normal et même inférieur aux prix pratiqués dans certains communes ».

Extrait du mémoire explicatif du projet d’alimentation en eau potable de Lezoux -Service du Génie Rural – 17 juillet 1949 – Archives Dore-Allier

Le 15 septembre 1952 une première réunion de formation pose les fondamentaux de la future entente intercommunale : les grands principes d’un syndicat, les modes de fonctionnement, de financement, la réflexion sur des statuts et un nom a adopter. Le siège social est situé à la mairie de Lezoux. L’appui technique pour le syndicat est choisi par la désignation d’un Ingénieur en génie civil Monsieur Antoine PAILLER (Varennes-sur-Allier) qui sera désigné l’ingénieur du syndicat, puis qui fera office durant les années 50 de Directeur technique de Dore-Allier.

Le syndicat Intercommunal d’alimentation en eau potable est créé par arrêté préfectoral le 2 avril 1953. Il est baptisé « Dore-Allier ».

A sa création le Syndicat comptait 5 communes : Lezoux, Orléat ,Saint-Jean-d’Heurs, Crevant-Laveine et Vinzelles.