L’avant
Fontaines publiques et travaux communaux
Avant.
Pour les habitants de nos communes, il y avait soit la fontaine publique, soit l’eau directement puisée aux rivières, ruisseaux et bien sûr, les puits équipés d’une pompe à godet ou d’un simple seau. Des communes comme Lezoux possédaient leur réseau pour alimenter leurs fontaines et lavoirs. Bulhon faisait également partie de ces communes qui réalisèrent dans l’entre deux guerre des captages de sources pour alimenter lavoirs et bacs à vache. En 1930, seulement 23% des communes de France disposent d’un réseau de distribution d’eau potable à domicile (Source: Centre d’Information sur l’Eau- cieau.com). En 1945, 70% des communes rurales ne sont toujours pas desservies. Exception faite du centre-ville de Lezoux, aucune commune de notre territoire ne possède de réseaux de distribution jusqu’à l’apport du futur syndicat Dore-Allier.
Parmi les exemples concernant les premiers travaux d’adduction en eau potable d’entre deux-guerres, les archives de notre syndicat possèdent le vestige d’un exemple d’une mémorable entreprise humaine : la création d’un captage d’eau et l’alimentation d’un réservoir sur la commune de Lezoux.
Adduction d’eau en 1926 à Lezoux :
10 juillet 1926. La ville de Lezoux passe un marché de gré à gré avec la société « EAU et ASSAINISSEMENT » dont le siège social est à Paris, 70 avenue Philippe Auguste. L’objet de ce marché : exécuter les travaux d’adduction d’eau potable prévus et étudiés depuis 1922 pour l’alimentation de la ville de Lezoux : création de deux captages en tranchée à la Croix des Mouricaux, construction d’un regard de captage et fourniture et pose de conduites en fonte diam 100 jusqu’au réservoir de la Pradelle construit par l’entreprise BOLLARD (soit 560 ml).
Ces travaux furent mémorables tant par leur ampleur que par les difficultés qu’ils connurent.
Détails techniques de l’opération :
La longueur des captages en tranchée atteint 164.69 ml. La profondeur des captages est portée à 6.50 m. La chambre de captage représente un ouvrage bâtit avec voute de 3.30 m de longueur sur 1.80 m de largeur avec des murs épais de 0.50m pour une profondeur de 7.08 m. Pour l’aqueduc de captage, des murettes en pierres sèches sont réalisées à certains endroits pour les murs des galeries.
Détails sur les captages en tranchée réalisés :
Les tranchées sont descendues jusqu’au niveau de la couche imperméable où elles s’encastrent de 0.30 m. Les tranchées ont un fruit de 1/5 avec une base de 0.90m de largeur. Au fond de ces tranchées, un aqueduc est établi pour le captage des eaux a écouler jusqu’à un regard de captage, regard faisant la jonction avec une conduite en fonte. L’aqueduc repose sur un radier de béton de chaux hydraulique de 0.90 m de largeur sur 0.15m d’épaisseur arasé avec une pente générale de 0.01m/m. Deux murettes de 0.30 x 0.30m avec un vide de 0.30m de largeur entre elles sont bâties sur le radier. Une dalle brute est posée sur les murettes. La paroi intérieure et le radier sont enduits de mortier de ciment Portland de 0.03 m d’épaisseur. Enfin, au-dessus de l’ouvrage on pilonne une couche de 0.30m d’argile.
La conduite jusqu’au réservoir de la Pradelle atteint des profondeurs abyssales, par endroit 7.50 m de profondeur.
Des difficultés d’exécutions imprévisibles furent subites par l’entreprise : nappes aquifères importantes, terrains mouvants, sables boulants, nécessité de boisage jointif avec bourrage de fascines et de paille… La largeur de la tranchée fut considérable pour atteindre de telles profondeurs.
Des éboulements produits par les affouillements comblent régulièrement la tranchée à l’avancement, le sable s’affaissant derrière et par-dessous le boisage.
Les difficultés rencontrées furent encore accrues par le mauvais temps.
Les travaux ont commencés le 18 aout 1926. Ils subirent dès septembre un arrêt administratif par l’ingénieur du Génie civil pour revoir les cotes des galeries et chambres de captage. Le 15 novembre 1926 un premier éboulement de la tranchée intervient. Le 30 novembre 1926, 25 ml de tranchée furent recouverts par un second éboulement : 284 m3 de terres s’effondrèrent et durent être à nouveau déblayés. Des effondrements se produisirent encore du 20 au 23 décembre puis du 11 au 19 janvier 1927. Les travaux redémarrent en hiver 1927, sous des pluies continuelles… En mars 1927 par suite du mauvais temps les travaux sont interrompus. Durant l’été 1927, des orages exceptionnels bouleversent également les travaux (notamment les 10 et 16 aout 1927).
Le travail des ouvriers de la société EAU et ASSAINISSEMENT est extrêmement pénible. Moins de 2 ml de tranchées sont exécutés par jour. A partir d’une profondeur de 4 m, la nappe aquifère rend le sable en boue. Les seaux remontés par les treuils contiennent autant de sable que d’eau. Pour la descente des matériaux aux grandes profondeurs, dans les sables boulants seuls des goulottes de planches et des treuils avec des sceaux sont en action. La pose de la conduite en fonte au fond de tranchée est très difficile et dangereuse pour les ouvriers, l’eau et la boue rend pénible le coulage des joints en plomb. Les ingénieurs de l’entreprise prennent dès le départ la décision de terrasser et de canaliser à l’avancement du chantier, pompant l’eau qui remplit la tranchée au fur et à mesure.
Le 17 septembre 1927 le chantier se compose de 14 hommes. Les ouvriers n’ayant pas été trouvés sur place, on fait venir une équipe de l’entreprise depuis le département … de la Meurthe et Moselle :
- 1 chef d’équipe : homme à la moto-pompe pour épuisement à l’emplacement de la chambre de captage, rangement du matériel et des bois.
- 4 hommes dont 2 à la manœuvre des treuils montants les déblais et 2 pour porter les déblais au dépôt.
- 2 hommes au fond pour le déblaiement et le remplissage des bennes
- 2 hommes au boisage et au battage des pieux
- 5 hommes aux jets de pelle sur banquette pour éloigner les déblais de la tranchée.
Le matériel de service se compose d’un groupe motopompe, de 2 treuils de puisatier, de plusieurs mètres cubes de bois de pieux, de plusieurs mètres carrés de madriers pour le boisage, de pelles et de pioches.
Ces travaux titanesques dépassèrent l’économie du marché initial. Jusqu’au 17 septembre 1927 ils furent réalisés en prenant compte le marché avec la commune. A partir de cette date et jusqu’à la fin des travaux le 15 mars 1928, les travaux de la société furent exécuté et facturés en régie.
Au 15 mars 1928, l’eau était captée. Elle était transportée jusqu’au réservoir de La Pradelle.